Le Perito Moreno, un des seuls glaciers au monde qui ne soit pas en récession. Il est même plutôt actif. 60 mètres de hauteur, aussi étendu que la ville de Buenos Aires, il avance d’environ 2 mètres par jour. D’énormes blocs de glace se détachent de temps en temps pour s’effondrer dans un fracas formidable plusieurs dizaines de mètres plus bas dans un bras du Lago Argentino. Un des plus beaux spectacles que j’aie jamais observé. Et des séries de photos parmi les plus belles que j’aie jamais prises.
Départ de bonne heure, sous le soleil, depuis El Calafate, où on a passé la nuit. Passage au supermarché pour acheter de quoi faire le traditionnel jambon fromage, on dépose le linge sale à la laverie, puis on commence à marcher vers la sortie de la ville. L’aller-retour en bus jusqu’au glacier coûte près de 20€. On décide sans hésiter de tenter les 80 km en stop. Ca aide d’avoir une jolie nana avec soi pour faire du stop. Je me met un peu en retrait de la route, et au bout d’un quart d’heure on est pris par un vieux ricain dans son pick-up. Le type est chercheur d’or dans une exploitation à 400 bornes plus au Nord. Il nous emmène à toute berzingue sur cette superbe route qui zig zag en bordure d’un lac immense aux reflets bleu turquoise, en nous racontant ses aventures de chercheur d’or aux quatre coins du monde. La journée commence bien.
Arrivés sur le site on file directement tout au bout de la péninsule qui fait face au glacier. Tout un réseau de passerelles permet d’avoir de nombreux points de vue époustouflants sur cette immense paroi de glace qui tombe dans le lac. Impressionnant. Limite inquiétant au début, mais très vite, on ne peut plus décrocher le regard du glacier, attendant, tous les sens en éveil, la prochaine chute de glace. Tous les sens en éveil, sauf le toucher, parcequ’il fait tellement froid qu’on ne sent plus grand chose au niveau des extrémités. J’ai l’immense chance d’avoir le bon cadre et le doigt sur la gachette au moment de la chute la plus impressionnante de la journée. Un bloc énorme, de la taille d’un immeuble, se détache lentement puis s’éclate tout en bas, au pied du glacier, provocant une gerbe d’eau immense et une vague qui arrive jusque la cote. Complètement hallucinant. J’en crie de stupéfaction, me tenant la tête à deux mains. Le craquement de la glace puis le bruit sourd de l’impact sur le lac fait également une forte impression.
On passe environ 6 heures sur place, scrutant le glacier de droite à gauche et de haut en bas, espérant une nouvelle rupture. Mais il nous faut finalement repartir, à regret, pour choper une voiture qui nous ramène à El Calafate. On se retourne tous les 20 mètres sur le chemin du retour, pour admirer une dernière fois le spectacle et prendre une dernière photo. Une des plus belles journées du voyage, sans aucun doute.
Encore une nuit à El Calafate, qui ressemble vraiment à Courchevel ou Megève, avec ses magasins North Face et Salomon, ses chocolateries et ses touristes friqués, et demain départ pour El Chalten, petit village tout récent qui fait office de point de départ pour les randos vers le Mont Fitz roy, défi de taille pour les grimpeurs du monde entier.